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Vivre sous cloche… Le parcours fulgurant d’une poétesse et autrice qui chercha en vain un sens à sa

Sylvia Plath est née en 1932 à Boston, d’un père originaire de la Prusse Orientale (Pologne et Russie d’aujourd’hui) et d’une mère originaire d’Autriche.

Ses parents sont tous deux d’éminents universitaires et Sylvia se passionne très tôt pour la littérature : elle écrit ses premiers poèmes à l’âge de 5 ans.

Elève brillante dés son entrée à l’école primaire, elle ne cessera de susciter l’admiration de ces professeurs, ce qui lui permettra d’obtenir de prestigieuses bourses d’études.

Etudiante assidue, cela lui vaudra d’être parmi un petit groupe de jeunes filles sélectionnées pour intégrer l’équipe éditoriale étudiante du magazine de mode « Mademoiselle ». Passer l’excitation des débuts, son séjour d’un mois à New-York, l’exténue et la déçoit. Elle n’apprécie guère l’univers superficiel et mondain de la mode, et se sent en perpétuel décalage avec les jeunes femmes de son âge.

Cette épisode, combiné au refus de sa candidature pour le cours d’été de création littéraire à l’université d’Harvard, va la plonger dans un profond désarroi.

A l’été 1953, incapable d’écrire une ligne, Sylvia glisse peu à peu dans un état dépressif. Ses insomnies répétées, et son isolement, conduisent sa mère à la faire consulter un médecin. Ce dernier préconise un traitement par électrochocs : cette méthode barbare ne donnera évidemment aucun résultat, mais va pousser Sylvia un peu plus au bord du précipice.

Quelques temps après, elle avalera un tube de somnifères au fond de la cave de la maison. C’est son frère qui la sauvera trois jours plus tard. Sylvia sera internée six mois en hôpital psychiatrique.

Fin de l’histoire ?

Lors de son internement, elle sera suivi par le Dr Ruth Beuscher. En plus d’un traitement à l’insuline et d’une thérapie à base d’électrochocs, elle va encourager la jeune Sylvia à vivre sa sexualité plus librement. N’oublions pas que dans les années 50, la virginité d’une femme est un bien précieux qu’il faut préserver jusqu’au mariage, quitte à pousser des jeunes femmes à la dépression…

Si le sexe ne la sauvera pas de son état, il lui permettra de se libérer et l’aidera d’une certaine manière à aller de l’avant.

Au fond, et si cette tentative de suicide n’était que le reflet d’une jeune femme en souffrance, dont les pulsions d’indépendance et de création, avaient été refrénées par une société bien trop archaïque et patriarcale ? Et si l’histoire de Sylvia Plath était l’histoire de beaucoup de femmes ?

Celle d’une jeune femme qui toute sa vie durant va, au travers de ces écrits, se poser la question de sa place et de sa légitimité en tant que femme dans la société, mais aussi en tant que femme-artiste. A une époque où une jeune fille doit se marier et faire des enfants, Sylvia rêve de décrocher des bourses d’études, de parcourir l’Europe, d’apprendre et d’écrire, d’écrire, inlassablement….Elle rêve d’une vie riche de rencontres et de reconnaissance.

C’est cette envie insatiable d’écrire qu’elle mettra d’abord au profit de la poésie, puis dans l’écriture d’essais et de nouvelles, avant d’atteindre son graal : celui de l’écriture d’un roman.

Il s’agira de « The Bell Jar » (La cloche de verre). Parut au début de l’année 1963 en Angleterre, il retrace les aventures d’Esther Greenwood, (emprunt du nom de jeune fille de sa mère), une jeune femme de Boston qui rêve de devenir écrivain.

Ce récit d’inspiration autobiographique de l’été 1953, ne fait pas la part belle aux jeunes femmes étudiantes, qui ne rêvent que d’une seule chose : un beau mariage. Elle y raconte aussi les aventures amoureuses d’Esther, et sa tentative de suicide.

Quand le roman parait Sylvia est devenue une écrivaine reconnue, mais après le départ de son mari pour une autre femme, elle se retrouve seule avec ses deux enfants. Elle doit à la fois concilier son rôle de mère et d’autrice, ce qui l’épuise. Elle doit à nouveau se confronter à sa peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être à la bonne place…et cela la replonge dans le même état que l’été 1953.

Un mois après la parution du livre, elle se suicidera au gaz dans sa maison de Londres.

Cette fin si tragique me pose question : et si Sylvia Plath avait vécu à mon époque, aurait-elle eu plus de choix ? Aurait-elle pu facilement concilier sa vie d’épouse, de mère, de femme et d’artiste aujourd’hui ? Cette question continue de me hanter car elle m’interpelle au plus profond de moi. Aurai-je eu le même destin si j’avais grandi à la même époque ? Je ne peux bien sûr répondre à la question, mais à travers ces écrits, j’ai l’impression que peu de choses ont évolués.

Il m’apparait que la place d’une femme aujourd’hui est toujours la même : celle d’être une bonne épouse, une bonne mère et seulement après, celle d’une artiste…

Et si finalement, ce qui allait causer la mort brutale de cette étoile filante, n’avait pas été tout simplement sa précocité ? Si au lieu de soigner sa dépression par des électrochocs, on l’avait seulement écouté ?

On aurait pu l’aider, l’encourager et alors peut-être, Sylvia Plath aurait vécu des jours heureux et paisibles sur la presqu’île de Winthrop à Boston, Massachusetts, dans la maison si heureuse de son enfance.

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